Article co-écrit par Pascal Vancutsem, coach, et Céline Butin, communicante Voici la dernière partie de l'article "Comment décider efficacement en situation de crise ?". Si vous n'avez pas encore lu le début, découvrez sans attendre la première partie et la seconde partie. Se donner les moyens de gérer la complexité de la crise
Allergique à ce qu’il considère comme des « prises de tête », le mode automatique aspire à passer tout de suite à l’action et cherche des solutions simples (ou plutôt simplistes) aux situations de crise, dont il ne perçoit pas suffisamment la complexité. Même si la solution la plus simple est souvent la meilleure, cet adage de la sagesse populaire ne s’applique pas toujours. Vouloir trouver absolument une solution simple est une erreur. Dans bon nombre de cas, la solution à un problème complexe sera elle-même complexe. S’il pouvait parler, notre cortex préfrontal, source de notre Intelligence Adaptative, nous proposerait deux nouveaux adages : « A problème complexe, solution complexe » et « Pas de pratique sans théorie ou réflexion ». A l’inverse, le mode automatique confond le complexe (= composé de nombreux éléments variés et interdépendants, difficiles à saisir par l'esprit) et le compliqué (= confus, embrouillé, mal conçu). Les solutions simplistes qu’il préconise s’avèrent souvent compliquées en pratique car inadaptées à la complexité de la crise, qu’elles peuvent, au final, aggraver. Le mode adaptatif, lui, distingue très bien le complexe du compliqué et n’oppose pas théorie et pratique. Il sait que décider en situation de crise doit mobiliser nos capacités de vision globale et nuancée, de prise de recul, de réflexion logique, d’abstraction et de modélisation. Dans de telles situations, sa priorité est de réfléchir avant d’agir, ne serait-ce qu’un quart de seconde, comme expliqué plus haut avec l’exemple du chirurgien ou pilote expérimenté. Pourquoi ai-je précisé « expérimenté » ? Parce qu’un professionnel de ce niveau connait l’importance de la théorie qu’il maîtrise (sans la mépriser !) et a maintes fois mise en pratique. Il est si parfaitement à l’aise avec les techniques éprouvées qu’il sait en reconnaître les limites lors d’une situation critique et peut concevoir, en mode adaptatif, des alternatives innovantes. Ainsi, je terminerai cet article sur ce conseil, valable tant pour les coachs que pour les coachés. Conseil que je donne toujours aux personnes que j’accompagne et que je familiarise avec l’Approche Neurocognitive et Comportementale : Appropriez-vous la théorie et la technique, exercez-vous jusqu’à les maîtriser, être pleinement à l’aise en toutes circonstances. Grâce à cette pratique de la technique, vous serez en mesure de réfléchir, de décider et d’agir avec fluidité, justesse et rapidité quand la crise surviendra. Parmi les techniques très efficaces que je pratique et vous recommande je citerai l'Analyse Comportementale (cf. Focus ci-après) et la cohérence cardiaque. Cette dernière consiste à agir sur le système nerveux autonome, garant de notre santé et de notre adaptation physiologique et, pour cela, elle utilise la respiration. Nous stimulons, en inspirant, le système nerveux sympathique qui gère notre capacité à être en mouvement, et, en expirant, le système nerveux parasympathique, en charge de la reconstitution de nos ressources. Les bienfaits de la cohérence cardiaque sont un recentrage émotionnel et une prise de distance psychologique, qui entraînent une clarté mentale nécessaire à la prise de décision pertinente. Votre Intelligence Adaptative, qui vous aura déjà permis d’apprendre la théorie et de progresser dans la pratique, sera alors disponible pour gérer l’inconnu, l’incertain, le complexe… Et vous serez prêt. L’êtes-vous ? [1] Terme anglais signifiant « coup de pouce », un « nudge » est une incitation à caractère non obligatoire qui vise à promouvoir les comportements vertueux et qui s’appuie sur la prédictibilité de nos erreurs de jugement que sont les biais cognitifs. Sur ce passionnant sujet, regardez la vidéo « Nudge me if you can ! » du TEDx assuré par Riadh Lebib, Dr en neuropsychologie, ayant travaillé avec le Dr Jacques Fradin sur les fondements et applications de l’Approche Neurocognitive et Comportementale (ANC) : https://www.youtube.com/watch?v=1SZuVDR_AXE&t=4s Focus sur l'importance de la voix à la lumière de l'Analyse Comportementale Parmi les différents canaux de communication, la voix n’est pas celui qui, pour la plupart d’entre nous, retient le plus notre attention : les mots, le style personnel, les gestes, les expressions du visage et le regard lui sont naturellement privilégiés. En effet, la voix est tellement évidente chez nous qu’elle est, en dehors de situations très particulières, oubliée au profit des canaux précédemment évoqués. Elle est d’ailleurs aussi certainement plus difficile à décoder que ces derniers car la voix ne se limite pas à quelques manifestations émotionnelles. L'Analyse Comportementale, développée par le spécialiste de la communication non verbale, Paul Ekman, considère la voix comme un élément à part entière de notre identité. Ainsi notre rythme, nos silences, nos hésitations, notre ton, notre volume, communément regroupés dans ce que les spécialistes du comportement appellent le para-verbal, illustrent aussi qui nous sommes et le style de notre personnalité. Il est donc intéressant, dans un échange, de se poser la question de ce que la voix de notre interlocuteur peut bien nous dire sur lui. C'est un fait : au-delà des mots, la voix nous "parle" et nous "parlons" à travers elle. Bien entendu, Il ne s’agit pas de tomber ici dans des analyses trop simplistes et, de fait, réductrices, en limitant une personne à ses caractéristiques vocales ni d’arriver à des conclusions hâtives sur elle. Il s'agit juste de réintégrer pleinement ce canal de communication personnelle, d'en reconnaître et d'en explorer toute la richesse. Entamer ce travail, par essence complexe, nous offre une belle occasion de faire preuve de créativité et d’activer notre cortex préfrontal. Tel est le cas de ceux qui, dans la période récente de confinement, ont privilégié les échanges téléphoniques à la visioconférence et ont eu la possibilité de reprendre en considération la voix comme une partie importante de nous-mêmes, bien que souvent oubliée. Certes, au téléphone, le poids des mots eux-mêmes reste considérable. Cependant, le fait de ne pas voir la personne, ni l’ensemble de ses expressions comportementales, peut nous amener assez facilement à nous concentrer sur cette voix et rechercher à travers sa musique (rythme, timbre, volume, force, mélodie...) si s'exprime, par exemple, la confiance, le doute, la détermination... ou encore l’écoute. A ce titre, les nombreux entretiens d’accompagnement individuel que j’ai effectués pendant la période du confinement, me laissent penser qu’il serait dommage de recommencer à l’oublier et de redonner la "voix"* royale aux mots et aux différents attitudes. C'est pourquoi je vous propose de reconsidérer notre voix, en l’intégrant beaucoup plus : soit comme un élément complémentaire de décodage, soit comme un moyen de communiquer à l’oral d’une manière plus efficace. Et tout simplement dans un premier temps par mieux l’écouter en tant qu’auditeur et s’appuyer beaucoup plus sur elle en tant que "parleur". *La voix est la voie royale de notre pensée, des mots que nous choisissons pour l'exprimer ! Pour être informé de la publication des prochains articles, connectez-vous au profil de Pascal Vancutsem sur Linkedin : Voici un autre article susceptible de vous intéresser, intitulé " Décoder les comportements avec l'Approche Neurocognitive et Comportementale " : Les commentaires sont fermés.
|
AuteurPascal Vancutsem est spécialisé dans l’accompagnement de managers, de dirigeants et de personnalités pour la construction de leur stratégie personnelle. Archives
Juillet 2023
Categories
Tous
|